Entendez-vous, dans nos campagnes…

L’essentiel du dimanche politique.

Par SARAH PAILLOU

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EN VERS ET CONTRE TOUS. Et vous, que pensez-vous de Sylvain Tesson ? “Icône réactionnaire” ou “poète de notre monde” ? C’est la polémique du week-end, opposant 1 200 acteurs du monde littéraire à, entre autres, Rachida Dati ou Xavier Bertrand. Le temps de vous faire un avis sur l’écrivain voyageur, voici votre menu du jour.

— Courroux des agriculteurs : ça sent le fumier.

— Européennes et gouvernement : le casse-tête des castings continue.

— Le râteau de Ruffin à Glucksmann sur l’union des gauches.

ÇA FAIT UN FOIN !

TOUS SUR LE TERREAU. La “jacquerie” (dixit La Tribune Dimanche) des agriculteurs occupait ce dimanche les pages de vos journaux et plateaux politiques — Playbook vous en parlait dès jeudi. Voilà un risque pour l’exécutif, à moins d’un mois de l’ouverture des portes du Salon de l’Agriculture, autant qu’un enjeu de premier plan de la campagne européenne : tous les camps se précipitent au chevet des éleveurs et cultivateurs.

Point tracteurs. À l’heure où cette infolettre débarque dans vos boîtes mail, des actions étaient toujours en cours en Occitanie, notamment sur l’autoroute A64, bloquée depuis jeudi soir — les passionnés de trafic peuvent suivre le direct de La Dépêche. La Coordination rurale, deuxième syndicat agricole, prévoit pour jeudi des “actions spectaculaires”. Pour comprendre les raisons de la colère, c’est ici, là ou encore par ici.

Le feu au champ. Double interview de Marc Fesneau aujourd’hui, déplacements ministériels et expression de Gabriel Attal hier, demande élyséenne aux préfets d’aller rencontrer les agriculteurs, report du projet de loi agricole… L’heure est à la mobilisation générale au gouvernement pour tenter d’éteindre la gronde — “pas du tout une question de panique”, a promis-juré-craché le ministre des agriculteurs sur RTL.

Puisqu’on vous dit que c’est le début de la campagne. Invité à la mi-journée, Fesneau montait au front contre le Rassemblement national, mobilisé sur le sujet (on y revient plus bas). “M. Bardella découvre l’intérêt de l’agriculture ! J’aurais aimé qu’en cinq ans il s’exprime un peu plus souvent sur l’agriculture et qu’il mène des batailles, a-t-il attaqué. Je suis content qu’il découvre ce que c’est que des bottes.”

En stéréo. Un argumentaire déjà développé, à l’aube, par le commissaire européen Thierry Breton, qui tempêtait sur France Inter : “[Les eurodéputés RN] se réveillent ? Mais enfin, un mandat c’est cinq ans ! C’est pas trois mois avant les échéances ! Alors à quoi ça sert d’être un élu Rassemblement national ?”

Liste de courses. Fesneau a aussi pointé la responsabilité “des amis de M. Bardella, c’est-à-dire M. Poutine” et de sa guerre en Ukraine, dans le dérèglement des marchés alimentaires qui pèse sur les agriculteurs. Comme dans le JDD, il s’est attelé à la défense de l’action gouvernementale, du plan viticulture, de “plus de 220 millions d’euros en 2023”, au soutien des acteurs de filière bovine, en passant par la révision du statut européen du loup et des normes de l’UE en matière de jachère…

MAIS ENCORE. En déplacement dans le Cher hier, le ministre s’engageait à “continuer d’avancer concrètement sur le chantier de la simplification des normes et réglementations”. Bruno Le Maire (à retrouver au jité de TF1 ce soir, pour les fans), opportunément de passage à la fête de Saint-Vincent, patron des vignerons, à Flavigny (Marne), promettait une multiplication des contrôles de l’Etat “sur les négociations commerciales en cours pour s’assurer de la préservation du revenu des producteurs agricoles”.

Samedi toujours, Attal annonçait qu’il rencontrerait demain deux syndicats du secteur, la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs. Hier à Saint-Laurent-d’Agny (Rhône) face à 150 Français, le PM a fixé comme “priorité” que “les agriculteurs puissent vivre de leur travail”, eux qui “ne sont pas des pollueurs ou des gens qui torturent les animaux, comme certains essaient de le dire”. Il entend notamment “continuer à agir sur la rémunération” et “réduire la paperasserie”.

Au passage, le chef du gouvernement a égrené les axes de sa future déclaration de politique générale (prévue le 30 janvier) : “Un des enjeux qu’on a à traverser […], c’est comment garder notre identité, notre identité française, nos valeurs, nos grandes forces, dans un monde qui change et qui bouge.” Pour le détail des urgences listées par celui que la Macronie attend comme “l’arme anti-Bardella”, c’est dans Le Parisien.

LA RÉCOLTE EST BONNE ? Au même moment, Jordan Bardella, lors d’une rencontre avec des agriculteurs de Queyrac (Gironde), appelait à “soutenir ce mouvement”. Il a dénoncé “l’Europe de Macron” qui veut, selon lui, “la mort de notre agriculture”. Invité au 13 heures de TF1, la tête de liste aux européennes et président du Rassemblement national a défendu une “loi de patriotisme économique” pour exclure le secteur des traités de libre-échange.

Stéréo bis. Etonnamment (ou pas), Eric Zemmour, invité méridional de BFM ce dimanche, fustigeait “la tyrannie de la Commission de Bruxelles” que “subissent” les agriculteurs.

Chez Les Républicains itou, “on soutient très clairement les agriculteurs”, assurait à la même heure Olivier Marleix depuis le plateau de France 3, se désolant que le “gouvernement [soit] aligné sur la politique des Verts, que ce soit en France […] ou que ce soit au niveau européen”.

À moins de dix kilomètres de Bardella, Raphaël Glucksmann reprenait hier le thème, lors de sa réunion publique à Bordeaux. La future tête de liste des socialistes plaide notamment pour un “protectionnisme écologique” et une réforme de la Politique agricole commune (PAC). “Il faut subventionner l’emploi”, revendique-t-il encore, rêvant de faire des agriculteurs les “héros de la transition écologique”, résume France 3.

Et le reste de la gauche. Dimanchissime avait à peine terminé son thé que Ian Brossat en remettait une couche sur Franceinfo ce matin. Le sénateur communiste dénonçait le “double langage” du gouvernement. Au même moment, Mathilde Panot, sur France 3, jugeait que par la signature d’accords de libre-échange, “c’est les agriculteurs […] qui sont mis en danger”. La présidente des députés Insoumis a toutefois précisé ne pas soutenir toutes les revendications du mouvement, estimant par exemple que “nous avons besoin de normes écologiques”.

CASTINGS POLITIQUES

NEXT. Olivier Véran, Pascal Canfin, Thierry Breton ? Au suivant, croit savoir La Tribune. Selon l’hebdo, ces candidats putatifs à la tête de liste pour les européennes ne seraient plus dans la course. Comme Playbook vous l’a conté plusieurs fois, le favori présidentiel Julien Denormandie est, quant à lui, moyennement emballé par l’idée.

La tête Hayer ? Les noms de l’eurodéputée Valérie Hayer et de la députée Maud Bregeon circuleraient aussi. Si vous mourrez d’envie d’être sur la liste, il faudra envoyer votre candidature à partir du 22 janvier, a signalé Stéphane Séjourné au Parisien.

Votre sucrerie du dimanche : cette petite phrase lâchée par Jordan Bardella à Stéphane Séjourné il y a quelques mois et révélée par La Tribune. À propos d’éventuels débauchages de Républicains par le RN et Renaissance, le président du parti lepéniste avait glissé au chef des troupes macronistes : “On en prend un. Vous en prenez un. Et on l’annonce, coup sur coup !”

POUR LES ACCROS DU REMANIEMENT. Les derniers échos des nominations de ministres délégués et autres seconds couteaux, attendues pour début février, étaient à trouver ce matin dans La Tribune.

En vrac : BLM veut garder son quatuor à Bercy (Thomas Cazenave, Olivia Grégoire, Roland Lescure, Jean-Noël Barrot) … Stanislas Guerini conserverait la Fonction publique mais veut rester ministre de plein exercice … Thomas Cazenave est envisagé pour le remplacer si le blocage perdurait … Le PR veut trouver une mission à Olivier Dussopt (relaxé) … Franck Riester (ex-Relations avec le Parlement) pourrait retrouver le Commerce extérieur … Patrice Vergriete (ex-Logement) pourrait changer de portefeuille.

Donnés restants : Sabrina Agresti-Roubache (Citoyenneté et Ville), Hervé Berville (Mer), Patricia Mirallès (Anciens combattants et Mémoire), Dominique Faure (Collectivités territoriales et Ruralité).

DIALOGUE DEUX GAUCHES

COMÉDIE ROMANTIQUE. La déclaration d’amour de Raphaël Glucksmann n’a pas conquis le cœur de François Ruffin. Sur son blog, le député Insoumis lui a fait part vendredi de son “franc désaccord”, notamment avec ses propos “déconnectés et hors-sol” sur l’Europe et son rapport au peuple.

Veux-tu me fédérer ? L’éconduit a profité de son meeting à Bordeaux pour répondre. “J’entends certains dire que le saut fédéral que l’on porte est hors-sol. Je pense, au contraire, que la seule chose qui soit ancrée dans le sol, c’est de créer une nouvelle étape de la construction européenne”, a argué Glucksmann, cité par Le Parisien.

L’union pour l’Union. Dans la plus belle ville de France — votre serviteure a-t-elle déjà mentionné ses origines girondines ? —, Glucksmann était accompagné de José Bové qui, lui, milite pour une fusion des listes avec les écologistes, comme il le rappelle ce matin dans le JDD.

Au cas où ça vous aurait échappé. Personne, en tout cas, n’a envie de faire ami-ami avec les Insoumis restés fidélissimes à Jean-Luc Mélenchon. “La gauche sans Mélenchon, on a déjà essayé et ça a donné M. François Hollande”, a taclé Mathilde Panot à l’heure du steak d’espadon de votre infolettre.

LE CHIFFRE DU WEEK-END

IL L’A DIT

DIMANCHEXPRESS

PRIME À LA NOUVEAUTÉ. Les premiers baromètres post-remaniement de popularité s’accordent : le PM a plus la cote que le PR. D’après l’enquête de l’Ifop pour le JDD*, il séduit 49% des Français ; 37% selon le sondage Ipsos publié par La Tribune**. Emmanuel Macron, lui, ne récolte respectivement que 31 et 30% d’opinions favorables.

REN+LR. Nouvelle voix LR au concert des favorables à une alliance avec la Macronie. Le sénateur Alain Joyandet, qui est aussi secrétaire général adjoint du parti, plaide dans Le Point pour “une coalition avec la majorité présidentielle”. Et, logiquement, pour un soutien à Rachida Dati comme future candidate aux municipales parisiennes.

Il rejoint ainsi Jean-François Copé. Visiblement déçu de ne pas avoir vu l’entente se faire à l’occasion du dernier remaniement — de ne pas avoir été nommé, diront les malveillants — le maire LR de Meaux voyait ce matin en Emmanuel Macron “l’allié objectif de l’extrême droite”. Sur CNews, il a soutenu que le PR était incapable de mener des “réformes de structure”, faute de construire une majo absolue à l’Assemblée… et faciliterait donc l’arrivée au pouvoir du RN en 2027 par manque de résultats.

ILS ÉTAIENT DANS LE MULTIPLEX

L’invité politique de Franceinfo : Ian Brossat, sénateur et porte-parole du PCF.

L’invité de 8h20 de France Inter : Thierry Breton, commissaire européen au Marché intérieur.

Le 8h30 Franceinfo : Jacques Toubon, ancien ministre de la Justice, ex-Défenseur des droits.

Le Grand Rendez-vous sur Europe 1 avec CNews et Les Echos : Jean-François Copé, maire LR de Meaux.

Dimanche en politique sur France 3 : Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l’Assemblée, puis Olivier Marleix, président du groupe LR à l’Assemblée.

BFM Politique sur BFMTV avec Le Parisien : Eric Zemmour, président de Reconquête.

Questions politiques sur France Inter et Franceinfo avec Le Monde : Aurore Bergé, ministre déléguée chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations.

Le Grand Jury sur RTL et Paris Première avec Le Figaro : Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire.

L’Evénement du dimanche sur LCI : Fabien Roussel, secrétaire national du PCF.

Forum Radio J : Robert Ménard, maire divers droite de Béziers.

ET AUSSI À LA UNE. Le Parisien : Stéphane Séjourné : “L’Ukraine peut compter sur la France” … La Tribune Dimanche : Paysans, la colère en marche … Le JDD : Affaire Stanislas : ceux qui veulent rallumer la guerre scolaire.

À SUIVRE CETTE SEMAINE

Lundi 22 janvier. Emmanuel Macron voyage dans l’après-midi à Berlin, où il prononcera un discours dans le cadre de l’hommage national rendu à Wolfgang Schauble, ex-ministre des Finances allemand … Gabriel Attal reçoit l’U2P, puis Mathilde Panot et Manuel Bompard, l’après-midi Olivier Faure, Patrick Kanner & Boris Vallaud, enfin la FNSEA et les Jeunes agriculteurs.

Mardi 23 janvier. Emmanuel Macron se rend à l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance, à Paris, pour ses vœux olympiques et paralympiques … La commission d’enquête parlementaire sur les dysfonctionnements des fédérations sportives présente son rapport à la presse … Eric Zemmour tient une réunion publique à Montpellier (Hérault) … Plusieurs responsables religieux organisent une conférence de presse sur la fin de vie à l’Université Paris Cité.

Mercredi 24 janvier. Assemblée nationale : Examen en séance publique du projet de loi constitutionnel sur l’interruption volontaire de grossesse … Les commissaires au loi discutent de la proposition de loi “encadrant l’intervention des cabinets de conseil privés dans les politiques publiques”.

Jeudi 25 janvier. Le Conseil constitutionnel rend sa décision sur le projet de loi immigration … Déplacement d’Emmanuel Macron en Inde, à l’occasion du 75e anniversaire du Republic Day, jusqu’au 27 janvier … Marine Le Pen présente ses vœux à la presse à 9h30 à l’Assemblée nationale … Yaël Braun-Pivet fait de même à 10 heures … Journée de mobilisation à l’appel de la Coordination rurale.

Vendredi 26 janvier. Eric Zemmour se rend à Londres, jusqu’au 28 janvier.

LE MEILLEUR DE POLITICO

— À Davos, Macron en opération séduction (pour nos abonnés)

— L’alerte du ministre allemand de la défense : Poutine pourrait attaquer l’OTAN dans “5 à 8 ans” (en anglais)

DIMANCHISSIME A AUSSI AIMÉ

— Jordan Bardella : la vie secrète de l’enfant roi du RN (L’Express)

— Rachida Dati au gouvernement : les coulisses du coup politique d’Emmanuel Macron (Le Monde)

AVANT DE SE QUITTER

EN QUÊTE DE BUZZ. C’est la dure loi des Internets : méfiez-vous quand vous voulez dénoncer, vous pourriez devenir un soutien malgré vous. Lundi, l’influenceur d’extrême droite Damien Rieu a ainsi publié sur X une vidéo d’un fidèle musulman de Montigny-le-Bretonneux (Yvelines), qui cherchait à récolter des fonds pour construire une mosquée. Libération narre le résultat : croyant déclencher un émoi face au “califat du 78”, le cofondateur de Génération identitaire a en fait provoqué… un afflux de dons.

*Sondage Ifop pour le JDD, effectué du 12 au 18 janvier auprès d’un échantillon, représentatif, de 1 937 personnes âgées de 18 ans et plus. Méthode des quotas. Les interviews ont eu lieu en ligne et par téléphone. Marge d’erreur entre 1 et 1,4 point.

** Sondage Ipsos pour La Tribune, réalisé du 17 au 19 janvier 2024 auprès d’un échantillon de 1 000 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. Méthode des quotas. Questionnaires réalisés via internet.

Un grand merci à : Pauline de Saint Remy et mon éditeur Jason Wiels.

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