Playbook Paris: La Saint-Valentin de la Nupes — Ciotti sous pression — Avec la PJ, c’est mieux

Playbook Paris: La Saint-Valentin de la Nupes — Ciotti sous pression — Avec la PJ, c’est mieux
Опубликовано: Tuesday, 14 February 2023 05:23

Le briefing politique essentiel du matin.




Par ANTHONY LATTIER


Avec ELISA BERTHOLOMEY


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Bonjour à toutes et à tous, très bon réveil, nous sommes mardi 14 février 2023. Il est encore temps de commander un bouquet de fleurs assorti d’un message romantique tel que “Tu es la seule signataire de l’amendement qui a révoqué mon cœur”, ou encore : “Tu es mon beau cavalier législatif, mais je ne dirai rien à Laurent Fabius.”


La Nupes, de son côté, a commencé son strip-tease de la Saint-Valentin en retirant hier soir une partie de ses amendements, afin d’”accélérer” l’examen de la réforme des retraites (nos excuses pour l’image mentale). Le déshabillage reste modeste : un millier d’amendements sur près de 18 000 initialement déposés.


A la tombée de la Nupes. Juste avant la reprise des débats à 21h30 hier, Boris Vallaud, Sandrine Rousseau, Pierre Dharréville, François Ruffin, Manuel Bompard et Arthur Delaporte ont déboulé dans la salle des Quatre colonnes de l’Assemblée pour annoncer la nouvelle aux caméras. La décision avait été prise à la mi-journée lors d’une “réunion de coordination de la Nupes”, selon un participant. Le même nous assurait que ce choix avait donc eu lieu avant que l’insoumis Aurélien Saintoul ne qualifie le ministre Olivier Dussopt d’“assassin” — il a depuis présenté des excuses.


Objectif 7. La Nupes a dû surmonter les divergences qui s’exprimaient au sein du groupe insoumis. “Ça coinçait chez LFI”, nous expliquait hier soir au téléphone une élue socialiste, ajoutant : “C’est la pression amicale du reste de la Nupes qui permis de débloquer les choses. On ne peut pas dire que l’article 7 [qui prévoit le report de l’âge légal à 64 ans] est le cœur de la réforme et ne pas vouloir qu’il soit discuté.”


Un autre facteur à joué, selon un conseiller parlementaire de la Nupes : la déclaration de Philippe Martinez de la CGT le matin même qui a dit souhaiter un vote sur l’article 7.


Accueil. “C’est le summum de l’hypocrisie ! Ils retirent juste un seizième de leurs amendements et nous accusent ensuite de ralentir les débats”, s’étouffait hier soir un député Renaissance.


Need for speed. Devant les caméras, François Ruffin et Sandrine Rousseau ont en tout cas assuré que leur volonté était “d’aller jusqu’à l’article 7”. Mais ça ne sera pas pour tout de suite. D’abord parce que l’article 2, malgré le retrait d’un millier d’amendements, n’a pas encore été voté. Il reste encore à examiner les amendements déposés par les autres groupes parlementaires. Ensuite parce que la Nupes veut s’attarder sur l’examen des amendements dits “Après l’article 2” (et avant le 3). “On veut passer du temps dessus pour mettre en avant nos propositions de financements alternatifs de la réforme”, nous indiquait un député de la Nupes hier soir. Les représentants des quatre groupes de l’union de la gauche se retrouveront ce matin pour discuter de la “vitesse du retrait des amendements”, selon la même source.


L’AMENDOMÈTRE. L’examen de l’article 2 de la réforme reprendra cet après-midi, après les Questions au gouvernement. 543 amendements ont été examinés, 35 ont été adoptés et 390 rejetés. 1621 ont été retirés. Il reste encore 14 336 amendements à discuter avant vendredi minuit.


BUREAU POLITIQUE LR


CIOTTI SOUS PRESSION. Le nouveau patron des Républicains préside ce matin à 9h30 son premier bureau politique depuis qu’il est arrivé à la tête du parti en décembre dernier.


Chef de clan. On connaît le contexte : les LR se déchirent depuis plusieurs semaines sur le contenu de la réforme des retraites, et sur l’opportunité de la voter. L’enjeu personnel pour Ciotti, qui veut que LR assume de voter la réforme, n’a échappé à personne non plus. “C’est son baptême du feu : il doit apaiser les tensions entre les parlementaires LR et s’affirmer comme chef”, soulignait hier un conseiller LR.


Le plan. Le nouveau numéro 1 de la rue de Vaugirard cherchera ce matin à obtenir “une position commune” du BP, qui compte une centaine de membres . Il s’empressera alors de faire connaître une “déclaration commune” à la presse, dans les mots de l’un de ses conseillers contactés hier. “Ciotti souhaite que chacun s’exprime mais il veut que le bureau politique tranche”, insistait le même.


Objectif : mettre la pression sur Aurélien Pradié et tous ceux qui critiquent la réforme. Pour l’heure, rien n’y a fait. Le député du Lot assure qu’il votera le texte uniquement si ses demandes sont prises en compte, notamment celle sur l’amélioration du dispositif carrières longues.


Climat sibérien. Pour Bruno Retailleau, la question de l’appartenance de Pradié à la direction est posée s’il ne vote pas l’âge légal de départ à 64 ans (il le disait sans l’ombre d’une pincette au JDD, ce week-end). Au téléphone avec Playbook hier, le patron des LR au Sénat appelait de nouveau à “une clarification de la ligne politique” du parti “face à ceux qui l’ont “pris en otage”. La semaine dernière, le président du Sénat Gérard Larcher y était aussi allé de son amical coup de pression.


La clim d’Aurélien. Interrogé par votre infolettre hier soir sur son intention éventuelle de “rentrer dans le rang”, selon l’expression d’un membre de la direction, le député du Lot nous répondait d’un très laconique : “Non.”


Le 7, retrouvailles. Le numéro 2 du parti avait déjà été sommé de s’expliquer la semaine dernière lors du Conseil stratégique des LR qui réunissait ce jour-là une dizaine de cadres du parti. Arrivé en retard, il avait tenté de rassurer, affirmant ne pas être opposé au report de l’âge légal à 64 ans. Selon deux participants, la secrétaire générale des LR, Annie Genevard, lui a alors mis sous le nez un amendement qu’il a signé demandant la suppression de l’article 7 (au nom de “l’injustice” faite aux femmes ayant eu au moins un enfant)… soit celui qui repousse l’âge légal à 64 ans.


VIP. Le président de la région Hauts-de-France Xavier Bertrand, qui se démarque lui aussi de la direction des LR en dénonçant les “injustices” de la réforme, nous a fait savoir qu’il participera au BP de ce matin, juste après un saut sur la matinale de CNews. L’ancien patron du parti Laurent Wauquiez, très proche de Ciotti, reste lui toujours en retrait. Il n’avait pas confirmé sa venue au BP hier soir.


L’AUTRE DOSSIER DE DARMANIN


AVEC LA PJ, C’EST MIEUX. Le ministre de l’Intérieur est auditionné cet après-midi par la commission des Lois du Sénat dans le cadre d’une mission d’information sur la réforme de la police judiciaire — les membres de la dite commission en présenteront le rapport le 1er mars prochain, a appris Playbook hier.


Kézako. Cette réforme, inspirée de Pierre Joxe et voulue par l’actuel locataire de Beauvau, vise à unifier tous les services de police (sécurité publique, renseignement, police aux frontières et PJ) sous une direction unique, située à l’échelle départementale. Elle provoque une fronde des agents de la PJ qui se mobilisent depuis plusieurs mois. Un nouveau rassemblement est d’ailleurs prévu le 11 mars à Paris.


Peut mieux faire. Pour tenter d’apaiser les troupes (et gagner du temps), un rapport avait été demandé en octobre dernier par le ministre à trois inspections (inspections générales de l’administration, de la police nationale et de la justice). Leurs conclusions, tombées au début du mois, ne sont pas aussi enthousiastes que ce que Darmanin aurait voulu. Si elles concèdent que la réforme permettra une “plus grande lisibilité de l’action de la police”, les inspections mettent aussi en garde contre une réforme qui entraînera “l’affaiblissement des moyens de lutte contre la criminalité organisée”. Pile ce que craignent les agents de la PJ.


Mais ce n’est pas tout. Deux autres rapports parlementaires sur le sujet ont été présentés ces dernières semaines. Celui de l’Assemblée, co-signé par la députée Renaissance Marie Guévenoux et son collègue LFI Ugo Bernalicis, débouche (sans surprise) sur des conclusions séparées. Celui du sénateur LR Philippe Dominati est plus surprenant. La réforme, écrit-il, pose “d’importantes difficultés s’agissant de la PJ” et “s’appuie sur un échelon inadapté en la matière, le département”. Il pointe également le risque d’un “écueil structurel”.


Qu’à cela ne tienne, Darmanin persiste : la réforme sera progressivement mise en place tout au long de l’année 2023 pour être opérante début 2024 et en place pour les Jeux Olympiques, a fait savoir l’entourage du ministre le 3 février. Une aberration pour les parlementaires comme Ugo Bernalicis ou le sénateur socialiste Jérôme Durain, qui préféreraient qu’elle soit reportée après les JO.


L’opiniâtreté du ministre — certains diraient obstination — interroge jusqu’à ses proche. Certains d’entre eux ne comprennent toujours pas “l’intérêt de cette restructuration” et s’inquiètent qu’elle ne vienne “déstabiliser l’organisation de la police à quelques mois des Jeux olympiques”. “Si on fait une réforme, c’est pour que les choses aillent mieux”, assénait hier, cruel, un élu qui échange régulièrement avec Darmanin.


Ouverture. Le cabinet du ministre laisse toutefois entrevoir quelques “possibilités d’aménagements” (sans entrer dans les détails). Darmanin recevra d’ailleurs les syndicats de policiers la semaine prochaine pour en discuter. “Il prendra en compte les recommandations qui seront faites”, nous assurait l’un de ses conseillers par téléphone hier.


AUSSI À L’AGENDA


Emmanuel Macron déjeune avec Yaël Braun-Pivet dans le cadre de consultations en vue de la réforme des institutions.


Elisabeth Borne participe au petit-déjeuner de la majorité.


Olivier Dussopt reçoit à 8h15 les directeurs des administrations centrales du ministère, les hauts-commissaires et le délégué interministériel pour une réunion de travail. Il intervient à 9h30 en ouverture du colloque “dérèglements climatique et santé au travail” organisé par le Conseil économique, social et environnemental. A 19h30, Christophe Béchu participe à une table-ronde sur le Pacte vert européen et “l’écologie de guerre” à l’École normale supérieure.


Agnès Pannier-Runacher, Clément Beaune et Roland Lescure réunissent à 9 heures les acteurs de la filière aéronautique. Ces derniers présenteront aux ministres la feuille de route de décarbonation du secteur aérien. Roland Lescure s’entretient à 19h30 avec Franziska Brantner, secrétaire d’Etat parlementaire auprès du ministre fédéral allemand de l’Économie. Jean-Noël Barrot se rend à Leuville-sur-Orge dans l’Essonne pour visiter deux points de mutualisation fibre, dans le cadre du plan de reprise supervisé par l’Arcep. Olivia Grégoire se rend à 9h30 au Salon Wine Paris & Vinexpo. Elle participe à 18h30 à la cérémonie de remise du Grand Prix ESSEC des Industries de la Consommation Responsable.


Assemblée nationale : En séance publique à 15 heures et 21h30 : questions au gouvernement et suite de l’examen du PLFRSS. La mission d’information sur la rationalisation de l’administration auditionne Gabriel Attal à 9 heures.


Sénat : En séance publique à 9h30 : questions orales. A 14h30 et 21h30 : proposition de loi sur l’amélioration de l’accès aux soins. La commission des finances auditionne à 16h30 Pierre-Louis Bras, président du COR.


LR : Bureau national.


Rassemblement des médecins libéraux à l’appel des six organisations représentatives devant le Palais du Luxembourg.


MATINALES


7h20. RFI : Annie Genevard, députée LR du Doubs.


7h30. Public Sénat : Guillaume Gontard, président du groupe écologiste au Sénat.


7h40. France 2 : Olivier Véran, porte-parole du gouvernement … RTL : Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale … RMC : Frédéric Ploquin, journaliste.


7h45. Radio J : Jean-Marc Zulesi, député Renaissance des Bouches-du-Rhône.


7h50. France Inter : Mattia Filice, conducteur de train et auteur … France Info : Manuel Bompard, député LFI des Bouches-du-Rhône.


8h00. Public Sénat : Julien Aubert, vice-président LR.


8h15. Europe 1 : Alexis Corbière, député LFI de Seine-Saint-Denis … CNEWS : Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France … France 2 : Jérôme Marty, président du syndicat UFML … Sud Radio : Agnès Firmin Le Bodo, ministre chargée de l’Organisation territoriale et des Professions de santé … Radio Classique : Florent Dabadie et Jean Garrigues, romancier, historien … BFM Business : Didier Kayat, DG de Daher.


8h20. France Inter : Raphaël Pitti, Dorothée Schmid, Ziad Majed, médecin humanitaire, responsable du programme Turquie et Moyen-Orient à l’IFRI, et politologue.


8h30. France Info : François Braun, ministre de la Santé… BFMTV/RMC : Jean-Philippe Tanguy, député RN de la Somme… LCI : François Ruffin, député LFI de la Somme.


CARNET


AUJOURD’HUI DANS PARIS INFLUENCE : Le panier anti-inflation déjà percé avant d’être lancé … Le Sénat entretient la marocophilie … Hydrogène vert, hydrogène nucléaire. C’est à 7h30 pour nos abonnés POLITICO Pro.


ANNIVERSAIRES : Serge Merillou, sénateur PS de Dordogne … Didier Paris, député Renaissance de la Côte d’Or … Raphaël Schellenberger, député LR du Haut-Rhin.


Un grand merci à : nos éditeurs Jules Darmanin et Pauline de Saint Remy, Martin Lagrave pour la veille et Grace Stranger pour la mise en ligne.


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